VISITE DE L’ANCIEN TEMPS
Le jeudi 2 mai, les élèves de 4°A et 4°D du collège David Niépce sont allés visiter la ville du Creusot et Le musée de la mine de Blanzy.
Voici ce qui nous a marqué pendant ces visites.
La domination de l’industrie Schneider au Creusot
En 1836, les frères Schneider viennent au Creusot et rachètent le Château de la Verrerie. Ils décident de développer leur industrie dans la métallurgie et la sidérurgie et font du château leur résidence patronale. Anciennement, le château était la cristallerie de Marie-Antoinette. Les Schneider produisent des locomotives, des rails et de grosses pièces en métal. Ils construisent des usines et les premières forges vers 1848 (en 1840 : le marteau-pilon est utilisé pour forger de grandes pièces de métal). Ils ont besoin d’une forte main d’œuvre pour leur production alors ils engagent des ouvriers qui vivent collectivement dans la ville-dieu pour fabriquer principalement des locomotives et des grues. Les femmes des ouvriers sont contraintes à la comptabilité ménagère pour éviter que leurs maris prennent l’argent pour se réunir à l’extérieur (par exemple dans les bars, où ils pourraient discuter du travail et remettre en question le patron). Elles sont femmes au foyer. Les femmes seules ou veuves ont le droit de travail mais sont très peu rémunérées voir moins que les enfants qui travaillaient dès l’âge de 8 ans.
Au fur et à mesure des années, les Schneider dominent de plus en plus la ville du Creusot : la dynastie des Schneider aura régné 124 ans sur la ville du Creusot.
En 1892, l’hôtel de ville des Schneider est créé. Excepté Charles, tous les Schneider ont été maires de la ville. Grâce à l’essor de leur industrie, des princes et des présidents du monde entier se déplacent au Creusot. Les Schneider construisent donc non seulement des logements pour les recevoir mais aussi un théâtre pour les amuser et divertir lors de spectacles (le petit théâtre de 1905 dans lequel on peut apercevoir quelques références à Marie-Antoinette, comme l’aigle bicéphale : symbole de l’Autriche). Ces lieux étaient réservés à la bourgeoisie.
La famille Schneider prône le système paternaliste en attirant et fidélisant ses ouvriers par des avantages : les frais hospitaliers, les retraites, les loisirs et les logements sont en partie pris en charge. L’éducation des enfants ouvriers est aussi très suivie : leur scolarité est pro-Schneider. Par cette forme d’emprise, les Schneider contrôlent la situation pour éviter la révolte de leurs ouvriers. Ils créent notamment des cités ouvrières autour des usines (comme la cité Saint Sauveur avec les maisons pour employés) pour développer leur production et aussi pour surveiller les actions des ouvriers. Ils visent aussi à développer le sens moral grâce à la religion et imposent leur présence à la messe dominicale (voir l’église Saint-Henri).
Il y a trois catégories de travailleurs : ouvriers, employés et ingénieurs. Les maisons des ouvriers étaient de 50m2, toutes identiques avec 2 pièces (cuisine et chambre). Ils dormaient tous ensemble et avaient un loyer minime. Les maisons des employés étaient de 70m2 il y avait une pièce de plus. Les maisons des ingénieurs étaient très grandes, environ 200m2. Ils avaient des domestiques. Toutes ces maisons avaient un jardin pour occuper l’esprit des travailleurs à leur sortie d’usine et éviter les regroupements en dehors de l’usine. Les ouvriers sont contraints à travailler constamment : ils n’ont pas de congés (pour certains mineurs par exemple, le temps de travail pouvait varier entre 12 et 14h par jour).
Les toits en Sheds sont typiques de l’architecture des bâtiments industriels que l’on retrouve encore aujourd’hui au Creusot. Au-delà de l’industrie, les Schneider sont représentés partout dans la ville : statues (exemple de la statue de la Reconnaissance), rues, places, cimetières portent leur nom, écoles, hôpital (l’Hôtel-Dieu), églises (église Saint-Henri ou sont représentés la patronne des mines et le patron des forgerons au pied du Christ, prônant le patronat de droit divin). La statue de la Reconnaissance symbolise les 2 côtés du paternalisme : tous les avantages soumis à l’autorité, à la surveillance et au contrôle du patronat Schneider. Celle des 3 âges de la vie représente la vie Schneider du Creusot, une vie soumise au rythme du travail.
GLOSSAIRE :
- Marteau-pilon : Machine-outil de forge destinée à provoquer la déformation du métal par action d’une masse tombante.
- Toiture en Shed : toiture en dent de scie d’atelier industriel
La découverte du travail dans les mines à Monceau-les-Mines
Nous avons visité une reproduction des anciens puits Saint-Claude en Saône-et-Loire datant du 19emesiècle, à Blanzy.
Nous avons découvert les différentes utilités du charbon qui servait au chauffage, à faire fondre du métal, à produire de l’électricité, à faire avancer les locomotives grâce à la vapeur créée et bien d’autres encore…
Jules Chagot, directeur des puits de Blanzy (1827), est à l’origine du développement des mines sur la région en étant le principal propriétaire foncier à Montceau. Il a notamment revendu le Château de la Verrerie aux frères Schneider en 1836. Il profite des difficultés économiques des mines voisines pour les racheter une à une et créer le village de Montceau-les-Mines. C’est lui aussi un représentant du paternalisme : la compagnie s’occupe de tout, l’ouvrier n’a qu’à travailler.
Les ouvriers mineurs risquaient leur vie en travaillant chaque jour à cause du grisou, gaz explosif inévitable dans les mines. À Blanzy, 89 morts furent recensés lors d’explosions dues au grisou. Les conditions de travail des mineurs étaient difficiles : entre 12 et 14h de travail par jour, 6 jours sur 7. Dans la mine, les températures étaient d’environ 40°C. On trouvait aussi des jeunes mineurs de 12 ans qui travaillaient 8h par jour en complément de l’école : le travail des enfants a mis du temps à être réglementé, c’est une des premières réglementations.
Des installations spécifiques étaient utilisées pour la production de charbon comme le chevalement, les ascenseurs, les berlines, les puits d’extraction… Des puits reliaient les galeries entre elles. Pour creuser des galeries, certains mineurs prenaient des explosifs. Ils avaient un équipement spécial : la barette, un patron de toile retenu par une grosse ceinture de cuir et une longue veste, une lampe. Ils travaillaient principalement avec des pelles et des pics, burins, masses et barre à mine pour forer des trous. De mois en mois, l’organisation des mines évolue. Par exemple, les berlines étaient poussées par des enfants puis par des chevaux et enfin tirées par des locomotives, les ouvriers gagnent aussi en sécurité.
La mine était donc un milieu hostile.
GLOSSAIRE :
- Charbon : vieille matière organique, combustible solide, noir, d’origine végétale, tiré du sol (anthracite, houille, lignite).
- Grisou : Gaz à base de méthane qui se dégage lors des travaux d’exploitation de mines et devient explosif au contact de l’air.
- Chevalement : assemblage de madriers et de poutres construit sur l’ouverture du puits des mines permettant de descendre au fond les mineurs, le matériel et les fournitures, de les remonter, et de ramener à la surface.
- Berlines : wagonnet (poussé par les mineurs) circulant dans les galeries de mines sur des rails formant des voies étroites.
- Barette : sorte de casque en cuir bouilli et épais qui servait à protéger la tête des mineurs du toit, notamment des éraflures. Ce casque ne protégeait pas vraiment des chutes de pierres.
- Patron de toile : tissu, expression pour désigner un pantalon en toile.
Nous remercions l’établissement et nos professeurs pour toutes ces découvertes ainsi que nos guides au Creusot et au musée de la mine.